La place de la religion dans l'Egypte moderne
Publié le 17 October 2007 par Benjamin Wiacek
On connaît la place que tenait la religion dans L'Egypte ancienne et son importance au quotidien. Qu'en est-il aujourd'hui dans ce pays, au coeur du Moyen Orient, à une époque où les questions de religion font souvent la une de l'actualité ?
Aujourd'hui, c'est le pays arabe le plus peuplé, avec une population de près de 80 millions d'habitants. Environ 90% des Egyptiens sont musulmans sunnites et 10% sont coptes - les chrétiens d'Egypte. Ces derniers, présents depuis le début de notre ère, commencèrent à cohabiter avec les arabes lors de l'invasion du pays en 642. Les débuts de cette cohabitation furent paisibles, puis au fil du temps, leurs relations oscillèrent entre respect et franche hostilité. De nos jours, la situation paraît plus calme, même si le XXe siècle et ce début de XXIe virent encore quelques épisodes assez sanglants, rares il est vrai, opposant coptes et musulmans. Plusieurs coptes ressentent effectivement cet apaisement. Ils pensent que les musulmans ont accepté leur présence, et que tout le monde se satisfait de cette situation : la vie devient, de fait, beaucoup plus simple. Il reste à voir si cette opinion est partagée par la majorité.
Pourtant, même si les persécutions ont cessé, il reste nombre de discriminations dont sont victimes les coptes et il demeure toujours une minorité, parfois à l'origine d'incidents, qui ne les apprécie, ni ne les accepte. Malgré cela, peu semblent être inquiets de la situation. De plus, la communauté possède un lobby très puissant au Congrès américain qui agit en leur faveur. Les Etats-Unis prennent donc contact avec le gouvernement égyptien lorsqu'ils rencontrent des difficultés. Mais cela signifie aussi que si l'Egypte fait preuve de bonne volonté pour améliorer la vie des coptes et leur intégration, le gouvernement américain sera plus enclin à aider l'Egypte en retour.
En parallèle, il est aussi nécessaire d'évoquer l'islamisme, surtout en Egypte, qui vit la création de la confrérie des Frères Musulmans en 1928. Aujourd'hui interdite en tant que parti, mais tolérée en tant qu'organisation, la confrérie est une des principales forces d'opposition politique - elle a obtenu 20% des sièges au Parlement en 2005, sous l'étiquette "indépendants" - et constitue, pour le gouvernement, la menace de la montée de l'intégrisme religieux. Même si les Frères ont renoncé à la violence au début des années 90 et s'ils dénoncent la cruauté de chaque nouvel attentat, il n'en demeure pas moins qu'ils restent une organisation islamique dont le but est d'accorder une place plus importante à l'Islam dans une société trop soumise, selon eux, aux valeurs de l'Occident...
Cette montée de l'intégrisme est due, entre autres, aux Egyptiens qui partent travailler dans des pays du Golfe, comme l'Arabie Saoudite, et qui reviennent, certes plus riches, mais aussi avec des pratiques plus dures et une idéologie plus stricte. De part sa position géographique - à la frontière d'Israël - et politique - neutre dans le conflit israélo-palestinien - l'Egypte se trouve parfois dans une situation délicate car les fondamentalistes musulmans y trouvent plus facilement une raison de s'opposer au gouvernement, de le critiquer, et de faire parler d'eux. Et que ce soit les Frères il y a plusieurs années, ou d'autres organisations, comme la Gamaa Islamiyya par exemple, les actions terroristes ont des répercussions dans de très nombreux domaines : chute du tourisme, augmentation de la répression policière, image négative du pays.
Il n'est donc plus besoin de le démontrer, la religion tient une place primordiale dans la vie des Egyptiens, et prenant en compte le fait que la principale source d'inspiration de la loi est la Shari'a, on comprend encore mieux pourquoi elle est si présente. Et il est certain que compte tenu du contexte géopolitique actuel, la religion aura encore une incidence certaine sur la vie du pays dans les prochaines années. Espérons juste que la situation ne se dégrade pas comme dans d'autres pays...