Au milieu des Egyptiens...
Publié le 19 October 2007 par Benjamin Wiacek
Que dire de la vie en Egypte, si ce n'est qu'elle se ressent, qu'elle se vit et que de la décrire dans son ensemble est assez difficile ! Je vais tenter de vous faire partager quelques uns de ces moments uniques, où la vie était douce et agréable, ces instants magiques où presque rien vous apporte presque tout...
Je pense que l'un des éléments primordial de la vie des Egyptiens, c'est le café. Qui ne s'est jamais assis à la terrasse d'un café pour boire un thé ou fumer une chicha, ne peut prétendre connaître l'Egypte ! Je ne dis pas que c'est suffisant, mais c'est une étape obligée... Réelle activité du quotidien, les égyptiens la pratiquent dès que possible : en sortant du travail, seuls ou entre amis, ils vont s'asseoir à une table, discutent de tout et de rien, jouent aux dominos, au tric-trac, lisent le journal, regardent les voitures dans la rue - ou la mer à Alexandrie - en fumant une chicha... Le monde réel paraît loin pendant ces instants précieux, et c'est peut-être aussi pour ça qu'ils sont tant prisés. Durant le temps qu'ils passent assis là, où dans une atmosphère unique, ils oublient tout le reste, la vie leur parait simple, et ils rencontrent alors une certaine forme de bonheur... Ce qui explique peut-être aussi la célèbre fatalité orientale « inch'Allah ! »
Une seule difficulté pour rejoindre ces endroits merveilleux : la traversée des rues ! Chose pas toujours aisée, que ce soit à pied, ou en voiture d'ailleurs. Car, comme chacun le sait, la circulation en Egypte est infernale ! Certes, il y a des feux, mais ils ne sont pas respectés, pas plus que les règles les plus élémentaires du code de la route. Sur les grands carrefours les voitures ne s'arrêtent que quand les autres ont commencé à avancer ! Les quelques trajets que j'ai faits en taxi furent assez mouvementés... N'allez pas croire pour autant que la vie du piéton soit plus simple, surtout lorsqu'il doit traverser une avenue. Devant affronter une circulation qui jamais ne s'arrête simultanément sur toutes les voies et ne bénéficiant d'aucune priorité, il lui faut après avoir franchi la première voie, attendre que la deuxième soit à l'arrêt pour passer, et ainsi de suite. Evidemment, sitôt franchie, la circulation reprend de plus belle et le voici bloqué de toute part, « serrant les fesses » pour pouvoir poursuivre sa route.
Traverser un embouteillage dans les rues du centre-ville n'est pas des plus difficiles - pour une fois qu'elles ne roulent pas - mais bonjour les odeurs... Je ne suis pas spécialement sensible à la pollution, mais là, je pense que ça dépasse mon seuil de tolérance !
Elément indispensable pour conduire : le klaxon !! Sans lui, il est encore plus difficile de se déplacer. En effet, si en théorie il sert à avertir les autres de sa présence en cas de danger, ici, ce n'est pas sa seule raison d'être ... On l'utilise pour dire "bonjour, merci, poussez-vous" bref pour un tas de choses diverses et variées qui participent à la cacophonie du Caire.
Et je me souviens du trajet en bus pour aller à Tanta, sur la "voie rapide" : la route était une 2x2 voies, limitée à 70km/h d'après les panneaux, plus ou moins respectés, mais sans excès en tout cas. Par contre, ça n'est pas sans danger, entre les dépassements à droite et à gauche, les belles queues de poisson, les voitures qui passent même s'il n'y a pas de place, et puis aussi d'autre "surprises" : travaux non signalés, piétons et vélo qui traversent, marchands, ânes et charrettes au bord de la route, vendant fruits et autres produits... Je comprends encore mieux les conseils préconisant d'éviter de rouler avec sa propre voiture !
Les sorties en famille sont aussi très importantes : que ce soit au Caire ou à Alexandrie surtout - je pense que c'est dû au mode de vie citadin - les soirées et les nuits sont l'occasion de balades sur les bords du Nil, ou sur la Corniche, ou même en centre-ville... Je pense que c'est aussi parce que les journées sont occupées par le travail, et qu'en plus il fait trop chaud, alors là c'est le meilleur moment. Mais c'est amusant de voir les familles, toutes générations confondues, réunies et assises en face du Nil regarder les bateaux qui passent de temps à autres, et admirer les lumières de la ville en mangeant une glace ou un épi de maïs grillé...
Je revois aussi les marchands de pain qui portent de gros cageots remplis de pains, sur les épaules ou la tête, et qui traversent les rues comme ça, en hélant le prix et cherchant des acheteurs... Je les ai même vus en moto ! La caisse sur la tête, plus ou moins maintenue en équilibre par une des deux mains... La vie en Egypte est remplie de toutes ces petites choses, insignifiantes pour qui n'y prête attention, mais qui forment un tout. Réellement captivant et attirant. Il faut y voir les causes de cette joie de vivre et de cette hospitalité qui caractérisent les Egyptiens. Ils sont prêts à nous ouvrir leur coeur, pour peu que nous acceptions nous aussi d'ouvrir le nôtre, et cela doit d'abord passer par l'Ouverture de nos yeux.