La 1ère période intermédiaire
Publié le 22 September 2005 (mis à jour le 3 February 2008) par Nico, Francois Daumas
La première période intermédiaire est une période de trouble où les nomarques prennent le pouvoir du pays.
Datation :
La première période intermédiaire s'étend approximativement de ~2190 av J.C. à ~2022 av J.C.
Dynasties :
La première période intermédiaire couvre de la VIIème à la Xème dynastie et une partie de la XIème dynastie. Pour en savoir plus, voir l'article : Listes des pharaons
Capitale :
Durant toute cette période, la capitale se trouve à Memphis (VIIème et VIIIème dynasties) puis à Hérakléopolis (IXème et Xème dynasties) et à Thèbes (XIème dynastie).
Fait(s) marquant(s) :
Les nomarques prennent le pouvoir du pays. Pendant plus de cent ans, les dynasties du Nord et du Sud se combattent, progressant ou régressant selon le jeu des alliances avec les nomarques. La réunification du pays viendra du Sud.
Périodes adjacentes :
La période précédent la première période intermédiaire est appelée l'Ancien Empire et la période la succédant est appelée le Moyen Empire.
Histoire :
Ce bouleversement aboutit à un émiettement du pouvoir royal. Les VIIe et VIIIe dynasties sont extrêmement falotes. Les lacunes du papyrus royal de Turin et les contradictions des abréviateurs de Manéthon ne permettent guère de reconstruire leur histoire, qu'éclairent à peine de rares documents contemporains. De ce chaos de royautés multiples émergent deux dynasties qui tentent de refaire l'unité à leur profit. l'une, la IXe héracléopolitaine, fondée par Akhthoès Ier autour de 2200, à laquelle il faut joindre la Xe, règne à Héracléopolis, l'actuelle Ehnasyah, un peu au sud de l'entrée du Fayoum. l'autre, la XIe, règne à Thèbes, l'actuelle Louxor, après avoir été fondée par Antef Ier autour de 2180. Elles furent donc en grande partie contemporaines.
Ruines d'Héracléopolis
Les Héracléopolitains, héritiers plus directs des Memphites, plus imbus de la haute civilisation et de la spiritualité de l'ancien Empire finissant, ont tenté de tirer la leçon des événements. Certains rois rédigèrent des Enseignements destinés à éclairer la conduite de leur successeur. Celui qui avait été destiné à l'un des derniers représentants de la Xe dynastie, Mérikarê, nous est parvenu. C'est un très beau document, à la fois d'analyse politique et de considérations métaphysiques et morales. La force ne saurait se suffire à elle-même, la justice seule dure. Dans le culte, l'intention droite est plus importante que l'Offrande elle-même. Ces idées, que reprendront un millénaire plus tard les prophètes d'Israël, se retrouvent dans le Conte de l'Oasien: un habitant du ouadi Natroun, dépossédé de son bien par un fonctionnaire prévaricateur, expose en neuf discours d'un style fort relevé la primauté de la justice sur la force.
Coffret et sceaux cylindriques du roi Montouhotep
Les rois d'Héracléopolis étaient maîtres du pays depuis le nome thinite jusqu'à la mer. Il est vrai qu'ils devaient compter avec de grands vassaux, tels les nomarques d'assiout, à demi indépendants mais apparemment fidèles jusqu'au bout à leur souverain légitime. L'est du Delta cependant leur échappait, toujours plus ou moins occupé par les Asiatiques. Sans doute moins guerriers que penseurs, ils furent les continuateurs des Memphites par leur art délicat et classique. Au contraire, les nomarques thébains dans leur lointaine résidence provinciale avaient la lourdeur et parfois même la grossièreté des gens incultes, quand on compare leur attitude sociale et leurs réalisations artistiques à la fine urbanité des Héracléopolitains. Mais cette rudesse avait du caractère. Dès que leurs sculpteurs et leurs peintres apprennent le métier, ils savent infuser à l'art poli, mais un peu exsangue et académique du Nord, une vigueur prometteuse de nouveaux chefs-d'oeuvre. Leurs armées, bien entraînées, ne cessent d'attaquer, autour d'abydos, les forces du pharaon légitime. Elles arrivent à Assiout, qui cède en dépit de la valeur de ses chefs, et finissent, au temps de Mentouhotep Nebhepetrê, peu avant le IIe millénaire, par renverser Héracléopolis et ses nomarques esthètes et philosophes, et même par reconquérir tout le Delta.
Le texte de cet article provient du CD-ROM Encyclopædia Universalis (version 7 parue en 2001).